Search

Art

Victor Segalen

Les Synesthésies[1] et l’école symboliste
Mercure de France, 1902.
Extraits : pp. 57-90
  • Titre : Les Synesthésies et l’école symboliste
  • Auteur(s) : Victor Segalen
  • Éditeur : Mercure de France
  • Publication : 1902
  • Lieu d'édition : Paris
  • Chapitre : Les Synesthésies et l’école symboliste
  • Pages : 57-90

[spacer height="20px"]

[spacer height="20px"]

"… Comme de longs échos qui de loin se confondent
En une ténébreuse et profonde unité,Vaste comme la nuit et comme la clarté,Les parfums, les couleurs et les sons se répondent…"

Baudelaire, les Fleurs du Mal.

[spacer height="20px"]

Longtemps, il resta décent, dans le monde scientifique, d’afficher, à l’égard de la correspondance possible des données sensorielles entre elles, un vertueux dédain. Les indulgents s’arrêtaient à l’ignorance bénévole du phénomène. D’aucuns furent plus rigoureux. La doctrine de l’Analogie des sens eut ses apôtres, ses martyrs, et tout récemment son temple.

D’allure vaguement occultiste, exploitée d’ailleurs par les Adeptes, elle partagea le discrédit officiellement attaché à toutes les notions parascientifiques. Nüsbaumer, au début du siècle, encourut, de ce fait, les foudres universitaires : ses recherches en la matière ayant paru peu orthodoxes, et dangereuse la divulgation de pareils faits, Bénédikt, professeur et homme de bon conseil, lui imposa là-dessus silence et discrétion[2].

Les essais continuent, timides et tâtonnants. Il semble que les chercheurs tiennent à se faire pardonner leur audace. Pour n’être pas soupçonnés de crédulité, ils se posent en ironistes. Et les préfixes défiants dont ils enrobent leurs définitions soupçonneuses encore sont curieux à noter :

« Pseudochromesthésie, » dit Chabalier. « Pseudophotesthésie, » affirme Suarez de Mendoza… « Fausses sensations »… « Illusions ». On tenait à ne pas se compromettre.

En réalité, les apparences autorisaient le doute, excusaient l’équivoque.

Les observateurs les mieux intentionnés se heurtaient à une incohérence manifeste, à une impossibilité décevante de dégager de leurs études aucune conclusion tant soit peu générale. Malgré leur bonne volonté, il était difficile de donner droit de cité, en la Science impersonnelle et objective, à des phénomènes dont la subjectivité même est la règle, dont le seul critérium possible est une affirmation, dont la preuve expérimentale est à trouver encore.

Actuellement pourtant, devant l’agrégat d’exemples laborieusement entassés, l’authenticité des faits de synesthésie n’est plus douteuse. Leur état civil est officiellement constitué. Ils ont, ces bâtards de jadis, existence légale auprès des savants : ils sont reconnus.

§

[eltdf_dropcaps type="normal" color="#000000" background_color=""]O[/eltdf_dropcaps]n estime à un pour cent de la population le nombre de personnes avec troubles du spectre autistique. Et parmi leurs traits, l'hypersensibilité est ce qui détermine en partie leur rapport au monde. À travers un discours témoignant de la vie d'une personne avec des sens parfois trop aiguisés, ce court métrage a pour but de mettre le spectateur dans la peau de ce pour cent, en illustrant par une vue subjective comment une personne autiste peut percevoir ce qui l'entoure. En mêlant des scènes abstraites à des sons organiques presque palpables, on observe la souffrance engendrée par cette hypersensibilité, de par la surcharge sensorielle provoquée par un trop plein d'informations sonores et visuelles. Mais cette capacité sensorielle accrue permet également de voir la beauté dans ce qui est invisible, d'apprécier certains détails anodins ou encore de développer un fort intérêt pour un domaine particulier tel que la musique.

[eltdf_dropcaps type="normal" color="#000000" background_color=""]M[/eltdf_dropcaps]ichel Gagné : En juin 2006, j'ai été invité au Festival international de jazz de Vancouver par le directeur de la programmation artistique de Coastal Jazz, l'incroyable Rainbow Robert. C'est là que j'ai entendu pour la première fois l'improvisateur au piano, Paul Plimley. Pendant que Paul jouait, j'ai fermé les yeux et j'ai vécu une expérience synesthésique intense. Lorsque le spectacle s'est terminé, j'ai immédiatement commencé à ressentir une compulsion à exprimer en animation ce que je venais de vivre. J'ai partagé mes pensées avec Rainbow et à ma grande joie, elle m'a dit : "C'est pour ça que je t'ai amené ici, j'espérais que tu dirais ça !"

[eltdf_dropcaps type="normal" color="#000000" background_color=""]H[/eltdf_dropcaps]ommage au Père Castel par Daniel Paquette. [spacer height="20px"] [pdf-embedder url="https://synestheorie.fr/wp-content/uploads/2011/06/Clavecin-oculaire-historique-Daniel-Paquette.pdf" title="Clavecin oculaire + historique – Daniel Paquette"][spacer height="20px"]

Translate »